Adecco ASVEL vs Le Mans SB. 1/2 finales LNB, juin 2003, Astroballe.

Cette année, les quarts de finales des playoffs LNB nous ont réservé un duel entre deux cathédrales du basket Français : Le Mans SB (4 fois champion de France) et l’ASVEL Lyon-Villeurbanne (17 fois champion de France !). Si le duel n’a pas été des plus mémorables, plutôt moche même par moments, pas aidé par les nombreuses blessures qui ont frappées les deux camps, la rivalité était bien réelle. Ces deux clubs historiques de ProA, se sont affrontés bien des fois… avec des oppositions heureusement bien plus palpitantes et spectaculaires que celle qui nous a été proposée en cette fin de printemps.

Flash-back. En 2003, L’ASVEL et Le Mans se retrouvent cette fois en demi-finales. Les deux équipes, respectivement 2ème et 3ème de la saison régulière, dominée par Pau-Orthez et ses jeunes pousses (Diaw, les Pietrus Bro’ & Drozdov), ont vécu chacun une saison bien mouvementée.

Les Manceaux, coachés par Vincent Collet, alors jeune coach ambitieux, ont du faire avec l’éviction de leur MVP étranger, Rico Hill, joueur très talentueux (19,2 pts 7,8 rbds pour 20,9 d’éval), mais viré en février pour des raisons disciplinaires. Les Villeurbannais, eux guidés par Philippe Hervé, arrivé de Chalon à l’intersaison, ont du faire avec une campagne d’Euroligue harassante (éliminés au Top16) et une “affaire Bonato” qui laisse encore des traces, le club et le joueur emblématique ayant en effet décidé de se séparer “à l’amiable”, en février aussi.

Une ASVEL championne en titre, forte et… fragile

Suite à ce départ inéluctable, tant la situation était devenue invivable, pour Bonato comme pour la Maison Verte, Philippe Hervé a récupéré l’arrière Marko Bulic, passé par Zadar, Zagreb ou encore le Maccabi Haifa. Le Croate sera alors la doublure de son compatriote Davor Marcelic, à qui les clés du camion sont donc confiées, mais dont la saison restera un peu en deçà des attentes, tant le joueur semblait expérimenté et à même de briller en ProA (8,9 pts mais à 43% aux tirs).

Stevin Smith, le patron de cette ASVEL 2003

Stevin Smith, le patron de cette Adecco ASVEL 2002-2003

C’est aussi sur le meneur Stevin Smith qu’il va falloir s’appuyer un peu plus, après le départ de Yann “La Liane”. Smith, qui reste sur deux saisons magnifiques avec Antibes (18,2 pts 5,6 pds) puis Nancy (15,2 pts 7,5 pds et une Coupe Korac), découvre le très haut niveau de plein fouet. Sa production chute à 11 pts 4,7 pds, mais il reste le patron sur le terrain, capable de rentrer de gros shoots longue distance ou de pénétrer dans le trafic avec toute la puissance qui caractérise de son jeu. A ses côtés, l’expérimenté Andre Owens qui retrouve à la fois l’ASVEL où il a évolué en 97-98 et Philippe Hervé avec qui il a collaboré à Chalon entre 98 et 2001. Owens est une valeur sûre du Championnat (10 saisons en LNB à la fin de sa carrière) et donne le ton en défense.

A l’intérieur, Hervé a amené ses joueurs avec lui : le guerrier Sacha Giffa et le golgoth Robert Gulyas débarquent eux aussi de Chalon et forment un duo parfaitement complémentaire. Le premier plutôt porté sur le travail de l’ombre, le sacrifice en défense et au rebond, capable de mettre quelques paniers pour écarter les défenses, le second, pivot (très) massif, à la tête de nounours et aux mains d’or (13,9 pts 6,8 pts), qui connaîtra une riche carrière européenne par la suite (Olympiakos, Ulker, Malaga…).

Mrazek, la gâchette suisse

Le suisse Mrazek

Sur le banc, outre le fraîchement débarqué Marko Bulic donc (13,1 pts), l’ASVEL peut compter sur le duo Simon PetrovHarold Mrazek. Le Slovène et le Suisse sont tous les deux de forts shooteurs extérieurs (respectivement 42% et 53% à 3 pts) et profitent pleinement du pouvoir d’attraction que créé Gulyas dans la peinture, qui attire les défenseurs comme un aimant, obligés de se resserrer dessous pour ne pas être punis pendant toute la soirée. Petrov et Mrazek étaient tous les deux là l’année précédente et ont donc soulevé le trophée de Champion de France.

Ce titre, que l’ASVEL défend donc durant ces Play-offs, David Frigout l’a soulevé aussi. Il joue peu, mais plutôt bien (6 pts 3,5 rbds en 16 min.) et sa combativité est précieuse. Vasco Evtimov vient lui aussi du banc et fait un bref retour en France sur cette saison 2002-03. Il faudra ensuite attendre 2011 pour voir revenir, “Hoppa” le massif pivot Franco-Bulgare qui bourlinguera à travers toutes les plus grandes ligues européennes entre ces passages dans l’hexagone.

"Hoppa Hoppa !!!" : Vasco Evtimov revient en France

“Hoppa Hoppa !!!” : Vasco Evtimov revient en France

A noter la deuxième saison de l’espoir Ali Traore, qui rempli déjà bien la feuille de stats : 9 pts 5 rbds en 13 minutes, au total sur… 2 matchs joués seulement. Le décollage sera laborieux – il n’est pas sur la feuille pour cette rencontre -, mais le meilleur reste à venir pour Bomaye. Hervé Touré fait lui aussi ses débuts avec le club Rhodanien, mais ne foulera pas le parquet non plus.

Le Mans avec une rotation courte

L’Amiral Sy prend le relai de Rico Hill

L’Amiral Sy prend le relai de Rico Hill

De son côté, Le Mans n’a pas remplacé Rico Hill. Se remettre du limogeage du futur MVP étranger de ProA serait rédhibitoire pour n’importe quelle équipe. Mais Vincent Collet a une chance inouïe : il peut s’appuyer sur un groupe de jeunes joueurs qui va être amené à briller en ProA. Ainsi, il décide de faire confiance aux jeunes Amara Sy et Alain Koffi pour occuper le poste laissé vacant par l’Américain. Les deux compères voient ainsi leurs temps de jeu respectifs augmenter de manière importante. Amara Sy réalisera une superbe saison (10 pts 4,3 rbds à 21 ans) et Alain Koffi prendra son envol du haut de ses 19 ans. Quand on connait le succès à venir de ces deux là, on ne peut que s’incliner devant le choix audacieux et judicieux de Vincent Collet.

J.D. Jackson : l’expérience du haut niveau

J.D. Jackson : une garantie d’expérience

Autre choix osé, avoir été chercher en IBL un meneur d’1m61 pour en faire le général de cette équipe. Sous les ordres de Collet, Shawnta Rogers démarre alors sa carrière pro. Il est rapide, bon manieur de ballon et devient vite inarrêtable en LNB : 16,2 pts et 7,2 assists. Le micro-meneur possède à ses côtés un précieux allier. Le Franco-canadien John David Jackson, futur coach de l’ASVEL en ces Play-offs 2015, est une des valeurs sûres du championnat (9,9 pts – 3,6 rbds – 3,9 pds). Le duo fait des dégâts en ProA.

De l’expérience, il y en a aussi sur le poste 3, occupé par Neno Aseric. Le Serbo-autrichien s’avère aussi précieux sur le terrain que pour encadrer les jeunes pousses du Mans. En plus de Sy et Koffi, et en attendant Nicolas Batum, la pouponnière Mancelle voit aussi éclore Pape-Philippe Amagou, qui passe près de 16 minutes sur le parquet à 18 ans seulement !

Les 2 PG du Mans : le "géant" Amagou et le "mini" Shawnta Rogers

Les deux Point-Guards du Mans : le “géant” Amagou et le “mini” Shawnta Rogers

Le poste 5 est tenu par deux pivots “Euroligue”, comme les affectionnait déjà Vincent Collet : l’historique Sandro Nicevic, 2m10, qui est passé auparavant par le Cibona et Ljubljana, et le plus limité mais gigantesque Ondřej Starosta qui, avec ses 2m17, pouvait quand même faire de belles moissons aux rebonds, malgré un temps de jeu limité.

A un match de retrouver Pau-Orthez en Finale…

Si Villeurbanne, qui tente de conserver son titre, est donné favori et a remporté la première manche 84-77, les Manceaux n’ont pour autant pas lâché l’affaire et ont enlevé le deuxième opus d’un petit point 68-67.

Les Verts se retrouvent donc chez eux, à l’Astroballe, pour tenter de mettre les choses au point et rejoindre Pau-Orthez en finale.

Un classique qui permettra aussi aux puristes de remonter le temps dans le duel de coaching entre les jeunes Vincent Collet et Philippe Hervé, qui se sont retrouvés 12 ans après en finale de ProA avec leurs clubs de Strasbourg et Limoges…

Match 1.

Box score du match.

Match 3.

Box score du match.

Téléchargement : Match 1 / Match 3Merci de me signaler les liens défaillants, par mail, ou directement en commentaire.